lundi 14 janvier 2008

La theorie du Natural Step

L’un des instruments les plus efficaces pour bien mener cette mission de sensibilisation a été développé par « The Natural Step »[1] dans sa vision globale. Selon le Natural Step, « une autre métaphore bien utile pour avoir une perception partagée de l’état dans lequel nous nous trouvons tous (la biosphère, l’espèce humaine, chaque organisation, chaque individu), est l’image de l’entonnoir. La décroissance des ressources qui supportent la vie est combinée à la croissance de la demande en ressources. Ceci implique une marge de manœuvre de plus en plus réduite, et le risque de heurter les murs de l’entonnoir : ce qui est déjà le cas quotidiennement pour certaines populations et pour beaucoup d’espèces animales et végétales.»[1] De plus, la population de la terre est actuellement à plus de six milliards de personnes, avec un taux de croissance élevé. Ce qui ne contribue pas diminuer la croissance de la demande. De même, le Natural Step affirme que « Grâce à l’innovation, la créativité, et le potentiel des changements bien menés, de nombreuses organisations et individus éliminent leur contribution à cette marge de manœuvre décroissante. Ils visent la sortie de l’entonnoir en utilisant le compas fourni par la démarche The Natural Step (TNS), et en s’appuyant sur les victoires à court terme qu’elle permet d’identifier. » [2] Cette démarche qu’on appelle le « Backcasting » consiste à se fixer des objectifs futurs (situation souhaitée) et réfléchir aux différents moyens permettant de les atteindre. Alors, une prise de conscience de chacun sur le fait que nous évoluons dans ce système d’entonnoir, peut nous amener à faire des choix stratégiques et à élaborer des plans à moyen ou long terme. Cet instrument pourrait jouer un grand rôle dans la campagne de sensibilisation pour l’adoption d’une démarche de développement durable.

De même, pour atteindre la durabilité souhaitée dans sa vision globale, le Natural Step a identifié quatre conditions qui sont :
· Éliminer notre contribution à l’augmentation systématique (dans la biosphère) de la concentration des substances extraites de la croûte terrestre ;
· Éliminer notre contribution à l’augmentation systématique (dans la biosphère) de la consommation des substances produites par la société ;
· Éliminer notre contribution à la dégradation systématique de la nature par des moyens physiques ;
· Éliminer notre contribution à la création de conditions qui diminuent systématiquement la capacité de chacun à répondre à ses besoins, partout dans le monde[3].


[1] La Démarche TSN ; Site officiel du Natural Step : http://www.tns-france.org/page/visu_article.php?categorie=37#37
[2] La Démarche TSN ; Site officiel du Natural Step : http://www.tns-france.org/page/visu_article.php?categorie=37#37
[3] La Démarche TSN ; Site officiel du Natural Step : http://www.tns-france.org/page/visu_article.php?categorie=37#37
[1] La Démarche TSN ; Site officiel du Natural Step : http://www.tns-france.org/page/visu_article.php?categorie=37#37

L'entreprise Durable

D’après Philippe Détrie, « L’entreprise ou l’organisation du 21iem siècle pour être durable doit être efficace. Mais elle doit aussi répondre aux attentes de plus en plus fortes de ses salariés et de la société civile. Le capital confiance d’une entreprise se construit dorénavant par la poursuite simultanée de quatre finalités :
· L’utilité à la société
· La satisfaction de ces clients et usagers
· La performance pour ses propriétaires : actionnaires, état, adhérents…
· Le mieux-être de ses salariés (agents) dans leur travail. »[1]

Conséquemment on peut conclure que l’entreprise durable est une entreprise qui se rend utile pour la société, satisfait ses clients, recherche la performance pour ses propriétaires et le mieux-être de ses salariés au travail. Ainsi, pour atteindre cet objectif de durabilité, une entreprise doit sortir de la simple logique de résultats économiques ou de services au public pour mettre son efficacité au service du bien commun. De même la prise en compte de l’environnement (naturel, social, …etc.) est au cœur de la recherche de durabilité ; il est donc impossible d’atteindre cet objectif dans un environnement qui se dégrade. Et pour soutenir cette idée, Ray Anderson, PDG fondateur d’Interface (cité par Philippe Détrie dans l’entreprise durable page 30) affirme que la recherche de la durabilité « consiste à considérer l’entreprise comme une filiale à 100% de ses environnements »; car la filiale et la maison mère sont interdépendantes.
En effet, dans le monde d’aujourd’hui, caractérisé par la globalisation et les nouvelles technologies de l’information, chaque individu doit évoluer et s’adapter en fonction des informations qu’il reçoit de part le monde. On peut donc affirmer que c’est dans cette optique que Véronique Perret (1996) affirme que « L'efficacité, la performance et la pérennité de l'organisation ne sont pas assurées par sa capacité de (clôture parfaite) mais bien au contraire par sa capacité à évoluer et à s'adapter »[2]. Aussi, les pressions de plus en plus fortes des salariés et de l’opinion publique sur les entreprises pour réclamer respectivement un meilleur cadre de vie au travail et pour leurs contributions au DD, font que ces derniers doivent évoluer vers la durabilité. Mais toutefois cette évolution passe par un changement profond de culture. Cette dernière nécessite « l’abandon de certaine pratiques antérieurs délégitimées, stigmatisées par les consommateurs, les voisins, la presse, les concurrents, et finalement par les pouvoirs publics. Parallèlement, se développent de meilleures pratiques, des codes de bonne conduite, des accords d’autolimitation, des normes négociées, dans la société civile, bien avant que la loi ne les rende obligatoires, ou que les signaux prix les rendent avantageux. »[3] . Ainsi, à la lumière de ces différents arguments, on remarque que malgré la multitude de ces forces favorables à l’entreprise durable, il n’y a pas de lois qui les obligent à évoluer vers la durabilité. Cependant, « l’entreprise qui anticipe les normes futures, peut y gagner un avantage concurrentiel même si l’équipement correspondant est au début plus coûteux. D’abord, cette initiative qui ménage l’environnement s’accompagne généralement d’un changement technique qui accroît la productivité. Puis le civisme de son comportement productif confère un avantage de respectabilité à son produit. Son voisinage devient plus attractif pour la population, notamment qualifiée. Enfin, lorsque la norme implicite se généralise et devient loi ou norme implicite se généralise et devient norme explicite, l’expérience accumulée joue comme une barrière à l’entrée pour les concurrents restés sceptiques. » [4]





[1] Philippe DÉTRIE Février 2005 « L’entreprise durable » page 67 éditions DUNOD
[2] Véronique Perret Mai 1996 « La gestion du changement organisationnel : Articulation de représentations ambivalentes. » Article (recherche aboutie) présenté à la 5ème Conférence Internationale de management stratégique. page 3
[3] Alain Lipietz Mars 1999 « Qu’est-ce que l’écologie politique ? La grande transformation du XXI e siècle » Page 67 Édition la Découverte.
[4] Alain Lipietz Mars 1999 « Qu’est-ce que l’écologie politique ? La grande transformation du XXI e siècle » Page 67 Édition la Découverte.

La gestion du développement durable

Les réflexions sur la question de savoir comment les entreprises peuvent intégrer la notion de DD, ont donné naissance à la notion d’entreprises socialement responsables ou entreprises durables. La discipline qui se charge de développer cette notion est la gestion du DD, qui est le fruit d’une confrontation entre une science (la gestion) et un champ d’étude (le développement durable). Cette discipline est à ses tout débuts, donc elle souffre d’un manque de formalisation à la différence des autres champs d’étude des sciences de la gestion. Toutefois, Mr Chakda Yorn[1] dans un cahier de recherche sur le DD donne la définition suivante : « La gestion du DD peut être perçue comme une démarche et comme des processus qui permettent aux gestionnaires d’intégrer le DD dans la stratégie globale afin d'induire des comportements et des pratiques responsables dans la livraison des biens et services ». Ceci dans le but que les activités, les produits et services d'une organisation soient conçus dans une logique respectant la recherche du profit de façon économiquement et socialement équitables, économiquement et écologiquement viables, écologiquement et socialement vivables.
En d’autres mots, un engagement dans le DD peut être défini pour une entreprise comme une démarche systémique dans laquelle les parties prenantes concernées se dotent volontairement d'une politique, élaborent une stratégie, la mettent en œuvre et évaluent les résultats de manière participative et en s'appuyant sur des méthodes et des outils reconnus. Cette démarche s'accomplit à l'aide des processus de communication, de réflexion, d'organisation et d'habilitation ainsi qu'avec des comportements et des valeurs qui développent une culture de DD. L'objectif de cette démarche et de ces processus étant de viser une valeur ajoutée non seulement économique, mais également sociale et environnementale.

[1]Yorn Chakda (2004) « Modéliser la gestion du développement Durable dans les Organisations et Territoires » Cahier de recherche.

dimanche 13 janvier 2008

Définition

À ses origines, la commission Brundtland a défini le développement soutenable ou durable « comme un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs. »[1] En d’autres mots toujours selon le même rapport, le Développement Durable est un développement qui vise trois objectifs : l'intégrité écologique, l'équité entre les nations, les individus et les générations, et l'efficacité économique.
De cette définition de la commission Brundtland on retient deux concepts:


· le concept de " besoins ", et plus particulièrement des besoins essentiels des plus démunis, à qui, il convient d'accorder la plus grande priorité, et


· l'idée des limitations que l'état de nos techniques et de notre organisation sociale imposent sur la capacité de l'environnement à répondre aux besoins actuels et à venir.

Audelà de cette définition classique, on retrouve une multitude de définitions pour le Développement Durable. Mais de façon générale, tous les auteurs sont d’avis que le Développement Durable cherche un équilibre entre les trois facteurs de développement, qui sont : le social, l’environnemental et l’économique. Alors, la notion du développement durable est un développement qui cherche à intégrer les facteurs sociaux et environnementaux dans nos processus de décision de tous les jours. Mais, elle est d’avis, que cette intégration doit suivre un processus d’amélioration continue tout en ne mettant pas en cause la rentabilité économique à plus long terme des dites décisions.




[1] LA COMMISSION MONDIALE SUR L’ENVIRONNEMENT ET LE DÉVELOPPEMENT (Commission Brundtland). (1989). Notre avenir à tous. Montréal: Éditions du Fleuve.

Introduction

Le début du vingtième siècle a coïncidé avec la prise de conscience par la communauté internationale de l’existence d’un certains nombres de problèmes concernant les bases de notre modèle de développement. Aussi, depuis le début de la révolution industrielle, le monde a connu un rythme de développement sans précédant avec ses lots de conséquences sur l’évolution de l’humanité. Avec cette croissance, l’homme a développé une maîtrise sans précédant de la technologie; d’un savoir-faire industriel qui a permis une exploitation sans équivoque des ressources naturelles; et leur surexploitation. S’il est indéniable que cette croissance ait beaucoup apporté à l’amélioration du niveau de vie des hommes, de nos jours elle est aussi présentée comme étant la cause des problèmes signalés ci-dessus et qui sont de plus en plus fréquents. Parmi ces problèmes on peut citer :

Le changement climatique : Il résulte en grande partie du réchauffement de la planète, causé par la concentration des gaz à effet de serre provenant de la production ou de la consommation de différents agents, et peut avoir des incidences négatives sur la santé et le bien être des êtres vivants.

Les inégalités sociales : il s’agit de l’écart grandissant entre riches et pauvres d’une part, entre le Nord et le Sud d’autre part. En effet, selon Arnaud et Berger (2005, page 27) [1], environ 20% de la population consomment 70% des ressources et détiennent 80% de la richesse mondiale.

Diminution des ressources naturelles : Elle résulte en grande partie de la surexploitation qui en est faite par les hommes.

Les dérives de l’utilisation de la science : Bien vrai que la science soit pour beaucoup dans l’amélioration de nos conditions de vie, mais son utilisation est aussi à l’origine de nombreux problèmes et de plusieurs menaces pour l’humanité toute entière.

Aussi, dans le souci de trouver une solution plus adaptée, la communauté internationale s’est réunie en 1972 à Stockholm pour réfléchir sur les problèmes liés à l'environnement mondial et sur les impératifs du développement. C’est à cette occasion que fut mis sur pied le programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) pour assurer la mise en œuvre des recommandations de cette conférence. Ainsi, de conférence en conférence on est arrivé à la mise en place en 1983 de la Commission Brundtland[2] par l’Assemblée générale des Nations unie. Cette dernière fut chargée de faire le point sur le développement et l’environnement. En effet, le rapport de cette commission publié en 1987 et intitulé « Notre avenir à tous » est à l’origine de la notion du développement durable. Cette dernière a connue une évolution considérable à travers les différents sommets qui ont suivi la commission Brundtland. Parmi les plus importants, on peut noter entre autres :

Ø Le Sommet de la terre en 1992 à Rio de Janeiro qui donna naissance à « la Charte de la terre » dans laquelle sont énoncées des directives pour la mise en place de politiques économiques plus équilibrées. Cette charte s’accompagne d’un programme d’actions, baptisé Agenda 21 (ou Action 21). Ce dernier vise à ce que tous les pays se dotent d'une politique et d’une stratégie de développement durable.

Ø Le Sommet de Kyoto en Décembre 1997 a vu la signature par 180 pays d’un protocole (protocole de Kyoto) pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Dans ce protocole, 38 pays industrialisés s'obligent à abaisser leurs émissions de gaz à effet de serre entre 2008 et 2012 à des niveaux inférieurs de 5,2 % à ceux de 1990.

Ø Le Sommet mondial du développement durable de Johannesburg en Août 2002 qui a vu l’appel de Kofi Annan (secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies), pour une plus grande implication des entreprises dans l’atteinte des objectifs du développement durable à travers leurs adhésions au « Global Compact » (l’engagement de respecter certains principes identifiés par l’ONU).

Mais, nous remarquons qu’au cours de tous ces sommets, les analyses ont été faites principalement au niveau macro, donc les recommandations s’adressent pratiquement aux seuls gouvernements et organisations internationales. Or dans un ouvrage incisif intitulé l’écologie du marché, Paul Hawken (1995)[3] démontre que « les entreprises sont les institutions les plus dominantes de la société. Ce sont elles qui mènent les activités les plus néfastes pour la santé écologique de la planète. La responsabilité principale leur est donc dévolue pour réparer les torts, prévenir et soutenir l’environnement ». Aussi, selon Stuart (1997) (cité par Emmanuelle Reynaud[4]), « l’entreprise est la seule organisation qui a les ressources financières, technologiques, motivationnelles nécessaires pour atteindre la durabilité ». De même, Kofi Anann, Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies, lors de son discours à l’ouverture du sommet de Johannesburg en 2002, a soutenu que «Sans le secteur privé, le développement durable restera un rêve hors d'atteinte. Nous ne demandons pas aux entreprises de faire autre chose que de mener leurs activités normales : nous leur demandons de mener leurs activités normales autrement.».




[1] E. ARNAUD, A. BERGER, C. DE PERTHUIS Octobre 2005 “Le Développement Durable” Repères pratiques ; Pages 27 ; éditions NATHAN
[2] LA COMMISSION MONDIALE SUR L’ENVIRONNEMENT ET LE DÉVELOPPEMENT (Commission Brundtland). (1989). Notre avenir à tous. Montréal: Éditions du Fleuve.
[3] Hawken, Paul. 1995 « L'écologie de marché ». Barret-sur-Meouge : Le Souffle d'or.
[4] Anne -Lise Mathieu (Stratégie d’entreprise et développement durable) Articles de recherche ; Chp 2 page 2